ÉVÉNEMENTS
Nous sommes ravies d'annoncer que Francisco González-Rosas est l'artiste-en-résidence de notre résidence Lignes Perméables ! Pour en savoir plus sur Francisco, veuillez lire ci-dessous et suivez nous nos redux sociaux pour accompagner Francisco aux cours des 6 semaines de sa résidence sur nos pages de médias sociaux. Bienvenue Francisco !
Au nom de Francisco et de l'équipe de SBC, nous aimerions vous inviter à venir voir le travail de Francisco dans la galerie ! La galerie sera ouverte au public les 4 et 5 mars de 12h à 17h et le 6 mars de 13h à 18h. Nous sommes très reconnaissantes d'avoir l'opportunité de rouvrir la galerie pour présenter une collection d'oeuvres de Francisco qui ont grandement influencé le projet sur lequel il a travaillé pendant sa résidence à SBC. Nous sommes impatientes de vous accueillir à nouveau tout en nous assurant que nous respectons tous.tes les mesures de sécurité actuellement en place.
BIO DE L'ARTISTE
Actuellement basé à Tiohtià:ke / Montréal, Francisco Gonzalez-Rosas est un artiste de la performance et des nouveaux médias né au Chili. Il est titulaire d'une licence en art dramatique de l'université Finis Terrae de Santiago du Chili et d'un master en beaux-arts inter-médias de l'université Concordia de Montréal. Sa première exposition solo "Techniques of the Narcissist" a été présentée sous forme d'installation vidéo multicanale à la galerie Elektra, à Montréal, en 2019. Son travail a été exposé au Chili, en Chine, en Italie, au Royaume-Uni, en Pologne, en République tchèque et aux États-Unis.
La pratique de Francisco intègre des stratégies performatives dans la production de sons et d'images, la performance, la vidéo et l'installation. Les questions de représentation, de genre, de race, de sexualité, de culture numérique, d'image et de technologie sont au cœur de son travail.
JURY
Les membres du jury pour la résidence Lignes perméables était composé de Dominique Fontaine (commissaire) et Camille Larrivée (street artiste, commissaire).
À PROPOS DE L'EXPOSITION
Francisco González-Rosas, Lignes perméables
Texte de Benjamin Allard
La pratique de Francisco González-Rosas se déploie aux frontières des mondes physique et numérique. Des appareils techniques sont des supports pour ses performances (Piel [1]) ou encore leurs témoins (Dating for export [2]). Dans ces œuvres, le corps est un pivot entre deux univers et l’activation d’une machine place en tension la corporalité de l’artiste avec sa représentation.
Lors de la résidence Lignes perméables à la galerie SBC [3], González-Rosas a façonné plus d’une centaine d’images bidimensionnelles de son corps en une modélisation en trois dimensions, une méthode nommée photogrammétrie. L’avatar ainsi créé poursuit la logique de la visibilité numérique en rappelant la science-fiction, l’artiste s’exporte dans l’ordinateur. Le modèle informatique peut reproduire des expressions ou des mouvements de manière indépendante ; c’est maintenant la machine qui active le corps.
Cet avatar a été développé à un moment où plusieurs personnes étaient contraintes à la présence virtuelle. Avec ce nouveau programme de résidence, qui a été mis sur pied en réponse à la pandémie de COVID-19, SBC offre leur espace de galerie aux artistes tout en présentant leur travail en ligne et, quand les mesures sanitaires le permettent, en présentiel. C’était un contexte propice pour González-Rosas pour explorer « les croisements existants et spéculatifs entre le corps et la technologie »[4].
Les interfaces et les outils informatiques font partie intégrante du vocabulaire artistique de González-Rosas. Il avait d’ailleurs déjà exploité un avatar 3D lui ressemblant sur IMVU (performance.png [5]), une plateforme proposant aux internautes une banque limitée de caractéristiques physiques pour composer des modèles virtuels. Les paramètres du système surdéterminent ces créations et les réduisent à des stéréotypes.
La photogrammétrie marque un nouvel axe de recherche pour González-Rosas. Elle lui permet de se réapproprier son corps puisque son avatar est modelé à partir de ses photographies et peut même être hyperréaliste. Il utilise toutefois ces images pour rendre manifeste les aspects fragmentés et pluriels de nos identités. La caméra peut, par exemple, s’introduire dans le modèle pour révéler l’intérieur creux du corps/fiction ne laissant voir qu’un paysage gris où aucune texture n’a encore été générée. En rendant apparents les outils qui produisent un effet de réalisme, l'œuvre révèle la nature illusoire de la représentation.
Dans ce processus [6], il étudie aussi comment les images sont influencées par celles qui les précèdent. Avec la photogrammétrie, il cherche maintenant à se situer dans une mémoire collective. Il reprend notamment des artistes ayant travaillé sur l’identité queer chilienne [7], comme l’auréole de seringues de Pedro Lemebel. Rappelant la couronne d’épines du Christ [8], cette icône évoque la souffrance causée par le SIDA. Son modèle est également sculpté pour ressembler à la toile Les Deux Fridas de Frida Kahlo où sont peints deux autoportraits connectés par une transfusion sanguine. C’est aussi une œuvre que Lemebel a réinterprétée avec Francisco Casas en lui laissant une charge politique persistante [9].
González-Rosas manipule donc simultanément ses images en affirmant son corps et en poursuivant consciemment une tradition artistique. Il utilise d’ailleurs l’expression Fear of Missing Out History [10] pour évoquer, avec ironie, une anxiété à s’inscrire dans l’histoire, comme si c’était une fête à ne pas manquer. Cette angoisse est inégalement ressentie, les personnes en marge de leur société sont déjà trop souvent oubliées à leur époque. La modélisation peut donc faire entrer un corps dans la machine et lui permettre de côtoyer le passé, elle peut aussi présenter la fragilité et l’arbitraire du processus historique ou révéler les dispositifs qui maintiennent l’illusion de réalité.
Benjamin J. Allard est un artiste, producteur radio et éducateur basé à Tiohtià:ke (Montréal). De 2018 à 2020, il a animé radio atelier, l'émission des travailleur·euse·s culturel·le·s à CIBL. Ses textes ont été publiés par le magazine Inter, The New Gallery et QOQQOON. Il détient un baccalauréat en communication (Concordia) et une maîtrise en arts visuels (UBC).
[1] González-Rosas, Francisco. Piel. Performance et installation. 2018. URL : https://www.franciscogonzalezrosas.com/portfolio-item/piel/
[2] González-Rosas, Francisco. Dating for Export. Performance vidéo. 2019, Musée d’art contemporain de Montréal. URL : https://www.franciscogonzalezrosas.com/portfolio-item/dating-for-export/
[3] Lignes perméables / Permeable Lines (19 janvier - 6 mars 2021). URL : https://www.sbcgallery.ca/franciscogonzalezrosas-fr
[4] sbcgalerie. Francisco, our Artist-in-Residence… Instagram. 2 février 2021. URL : https://www.instagram.com/p/CKzY-PynaSA/ Accédé le 22 juillet 2021.
[5] González-Rosas. performance.png. Performance video, animation 3D; pièces numériques. 2021, Galerie de l’UQAM. URL : https://www.franciscogonzalezrosas.com/portfolio-item/performance-png/
[6] Publiez sur les réseaux sociaux de la galerie SBC et les comptes personnels de González-Rosas.
[7] Basé sur mes conversations avec l’artiste.
[8] Premier usage de la couronne pour leur pratique, visitez le Yeguas del Apocalipsis. URL : https://english.yeguasdelapocalipsis.cl/1988-crowning-of-thorns/
[9] Le collectif de Pedro Lemebel et Francisco Casas, Las Yeguas del Apocalipsis, a été actif au Chili de 1987 à 1993, sous la dictature de Pinochet et lors de la période de « transition démocratique ». Au sujet de la photographie de leur interprétation des Deux Fridas : https://english.yeguasdelapocalipsis.cl/1989-two-fridas/, pour la performance : https://english.yeguasdelapocalipsis.cl/1990-two-fridas-in-galeria-bucci/.
[10] Tiré d’un texte en cours de réalisation pendant la résidence.